"Blacksmith" - Forgeron
 Le forgeron est un homme trés important dans la société Celte, plus encore que dans d'autres sociétés.
Dans toutes les sociétés, il est l'homme de Feu et l'homme de Terre, il est celui qui fait les outils qui servent à travailler, les armes qui servent à se défendre et les armures qui protègent des coups. Chez les Celtes, il est également celui qui ferre les chevaux, et ce détail est d'une importance capitale... Le cheval, chez les Celtes, est le compagnon des Dieux, et les cavaliers avaient un statut social pratiquement équivalent à celui des nobles, s'ils ne l'étaient pas.
Donc, sans le forgeron, ni outils, ni armes, ni armures, mais bien plus important encore, pas de chevaux de monte! Donc, sans lui, pas de rang social ni spirituel pour ceux qui sont hors de la noblesse et du sacerdoce.
Avec le charpentier, le forgeron est le seul artisan "reconnu" de la vieille Irlande, c'est à dire qu'eux seuls ont un statut intermédiaire, supérieur à celui des autres artisans.

Quelques forgerons Celtes célèbres
- Culann. Cuchulainn signifie "Chien de Culann", et ce nom lui a été donné aprés qu'enfant, il ait tué le chien de combat de Culann. Ainsi, c'est un forgeron qui a donné son nom à l'un des plus grands héros Celtes!
- Colum Cualeinech (aux trois nouveaux procédés) : ce nom irrévérencieux ("Colombe au visage de charbon") est porté par le forgeron des Tuatha De Danann, dans le récit "Cath Maighe Tuireadh".
- Lug Lonnandsclech: il maîtrise tous les arts, y compris celui de la forge, comme le montre son dialogue avec le portier, dans le récit "Cath Maighe Tuireadh".
- Bé Goibnechta, soeur de Brigit. Selon certains auteurs, Bé Goibnechta (la maîtresse de forge), Bé Legis (la Guérisseuse, l'autre soeur de Brigit) et Brigit elle-même ne seraient qu'une seule et même Déesse. De même, Brigit, Dana et Ana ne seraient que trois visions différentes d'une seule et même Déesse, ce qui ferait que le panthéon Celte ne compterait qu'une seule figure féminine, à la fois mère, fille, soeur et épouse.

Pour revenir à la chanson
D'un coté un forgeron atypique... Il ne ressemble à aucun des forgerons Celtes que je connaisse, il se rapprocherait plutôt d'Ogma, Dieu de l'Eloquence (il l'a séduite en actes et en paroles, et il lui a écrit une lettre) et de la Discorde (il l'a délaissée). Etrange. Serait-il plus qu'un forgeron?
De l'autre, une jeune femme. Il ne peut donc s'agir que de Brigit, ou d'un de ses avatars. A moins qu'elle ne soit le peuple Celte tout entier? En effet, de nombreuses reines Celtes ont été assimilées à des avatars de Dana, principe féminin du panthéon, dont Brigit est un avatar...
Le Dieu Tout-Puissant... Est-ce celui qui a son représentant à Rome, ou plutôt le Dagda, père de toute la création dans le panthéon Celte? Je pense (mais ce n'est que mon avis) que ce chant a été écrit à dessein, et qu'il contient un "sens caché" qui aurait pu fortement nuire à son auteur s'il avait été plus visible. Il doit s'agir du Dieu des chrétiens, et voici la clef :
Le Forgeron (avatar des Thuatha De Danann, ou "fils de Dana", terme regroupant les Dieux et les Etres-Fées, puisqu'il cumule les caractéristiques de plusieurs d'entre eux, sans toutefois pouvoir être identifié à Lug) délaisse sa belle (le peuple Celte) pour en épouser une autre (qui est-elle?). Elle en appelle au nouveau Dieu, puisqu'elle ne peut pas se retourner vers les anciens, et pour cause... Elle demande une ordalie (De témoins je n'ai point / Hors Dieu tout-puissant / Et puisse-t'il bien te récompenser / Pour m'avoir délaissée. Si ce n'est pas une demande d'ordalie, je ne sais pas ce que c'est!) sans effet notable à en juger par l'amertume des deux derniers couplets.
Ce qui suggère que les Thuatha De Danann ne sont qu'en sommeil, leur puissance toujours intacte, et que l'évangélisation du peuple Celte n'était qu'une "épreuve" pour tester sa foi...
Saint Patrick n'était-il pas breton? Ne le décrivait-on pas comme un druide aux pouvoirs supérieurs à ceux des autres druides d'Irlande? N'a-t'il pas atteint la sainteté par ces pouvoirs, en faisant des miracles, alors que les autres saints la doivent à un martyre, qu'il n'a pas subi?
Ogma, si c'était une blague, elle n'est pas drôle, et les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures!

Sources
F. Le Roux & C-J. Guyonvarc'h, "Les Druides" et "La société celtique", Ed. Ouest-France Université
M. Brasseur, "Les Celtes, les Dieux oubliés", Terre de Brume Editions
Photo : capture sur  MsMoo's Kevin Sorbo Dream. Utilisée en accord avec les conditions affichées par ce site.


Liens
Pas grand'chose sur la forge, en fait...

 Cercle Celtic d'Ambiani  : Un cercle d'études celtiques, qui a l'air assez sérieux.


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