Plastic bullets
(© Brian Warfield)

So you divided up my land
Six counties stayed in England's hand
And so you take my home
But you cannot take my mind
Then you tried to keep me down
With your tanks and guns in my streets and towns
And you shoot your plastic bullets
To keep your plastic state

(chorus)
In Ireland's troubled land
Each decade brings its rebel band
And forces of the crown
They try to bring them down
But the flowers will bloom again
And the people they will rise again
And then you shot him down
So all the world could see

Does it matter how you kill
You make the rules it is your will
But let your plastic bullets
To kill it's all the same
Oh I could not believe my eyes
You took those young lads by surprise
The way you shot them down
That day in Derry town

(chorus)

Oh some justice we did seek
A place for all to live in peace
An island in the sea
Where people could be free
But you can not be proud
The way you shot him to that ground
A nightmare you shot them down
That night in Belfast town

(chorus)

Then shoot me, shoot me down
Because I made my colors known
And I heard the mercy cry
Where people in fear do lie
In anger then he ran
With the banner stick all in his hand
And then you shot him down
And all the world could see

The day you shot Séan Downes
That day in Belfast town
 



Les six comtés en terre anglaise : Ce sont les six comtés qui composent l'Ulster (Antrim, Armagh, Down, Fermanagh, Derry et Tyrone) et qui sont séparés des vingt six qui composent la République d'Irlande.
Si vous voyez l'équation "26+6=32" sur un mur, ça veut dire que quelqu'un qui réclame la réunification de l'Irlande est passé par là!

Les balles en plastique : Ce sont les "PBR" (Plastic Baton Round), utilisés depuis 1973 à la place des balles en caoutchouc, trop vulnérantes, qui étaient utilisées de 1970 à 1973.
Ces munitions sont réputées comme étant "non léthales", ce qui ne les empêche pas de tuer...
Selon le 5e rapport annuel de la NIHRC (commission d'Irlande du Nord pour les Droits de l'Homme), ces munitions n'ont pas été utilisées en Irlande du Nord entre septembre 2002 et mars 2004, et des munitions moins vulnérantes devraient être déployées d'ici l'été 2005.

Projectile : cylindre de PVC dur massif
Diamètre : 37 mm
Longueur : 114 mm
Poids : 135 g
Vitesse initiale : supérieure à 72 m/s (260 km/h)
Energie initiale : supérieure à 350 J
(pour mémoire, des traumatismes graves - fracture massive du crane, rupture d'organes internes tel que coeur, foie, poumon, rein,... sont quasi-certaines à partir de 120 J, niveau d'énergie que le projectile a toujours à 50 m de la bouche de l'arme!)

Conditions d'emploi :
- Viser de préférence les jambes, jamais la tête, éviter le torse autant que possible
- Ne jamais tirer sur une cible se trouvant à moins de 20 mètres

Une cartouche "PBR" non tirée
source : BBC
Le projectile correspondant
source : http://www.relativesforjustice.com

Utilisation de PBR en Irlande du Nord
source : BBC

Un mur à Belfast (Falls Road - effacé depuis)
source : Troops Out Movement


A gauche, la silhouette d'un tireur.
Le long du mur, celles des 14 victimes de PBR.
La distance entre chaque silhouette et celle du tireur est exactement celle qui séparait le tireur de la victime lors du tir.
Le mur mesure exactement trente mètres de long.
Il a été peint par les enfants des familles des victimes.

Un autre mur à Belfast
source : My Marathon Journey

Les noms et les portraits sur les PBR (non, ce ne sont pas des cierges!) sont ceux des victimes.
17 parce que le peintre n'a pas fait de différence entre celles des "balles en caoutchouc" et celles des PBR.

Le lanceur "ARWEN-37", fabriqué par Police Ordnance Company, Inc, société canadienne basée dans l'Ontario.
Cette arme peut tirer des PBR, des grenades lacrymogènes, des grenades étourdissantes, et bien d'autres munitions destinées aux forces de l'ordre. C'est un espèce de gros revolver à cinq coups.


Photo provenant du site du fabricant.

En Mai 1982, le parlement européen vote l'interdiction totale de l'usage de telles munitions en Europe (et donc en Irlande du Nord).
Elles sont toujours en service aujourd'hui... Il faut dire qu'il y en a encore quelques dizaines de milliers en stock, et que l'Angleterre n'aime pas le gaspillage!

La liste ci-dessous parle hélas d'elle même...

Francis Rowntree (West Belfast) : 11 ans, mort le 26 avril 1972. Un soldat anglais lui a tiré une balle de caoutchouc (modifiée artisanalement - un noyau métallique y avait été inséré) dans la tête à une distance d'environ deux mètres le 22 avril 1972. Francis revenait de jouer au football, et portait encore sa tenue. Il n'y avait pas d'émeute en cours (mais une émeute a éclaté juste après, et il y avait eu cinq jours d'émeutes juste avant), le soldat qui a tiré n'avait reçu aucune formation à l'usage des balles en caoutchouc (en particulier, il ne savait pas quelle est la distance minimum d'engagement, ni les zones corporelles à ne pas atteindre).
Aucune charge n'a été retenue à l'encontre du tireur.

Tobias Molloy (Militant républicain - oIRA ou pIRA, Strabane) : 18 ans, mort le 16 juillet 1972. Un soldat anglais lui a tiré une balle de caoutchouc dans le torse à une distance d'environ un mètre. Bien qu'il y ait une émeute en cours, des témoins disent qu'il n'y participait pas. Tobias passait un poste frontière pour revenir au Nord, après avoir passé la nuit avec sa petite amie, qui habitait en République d'Irlande, à Lifford, quand il a été tué.
Aucune charge n'a été retenue à l'encontre du tireur.

Thomas Friel (Derry) : 21 ans, mort le 27 mai 1973. Un soldat anglais lui a tiré une balle de caoutchouc dans la tête à une distance d'environ neuf mètres le 22 mai 1973. C'était pendant les émeutes de Derry, mais Thomas est mort juste pour avoir bravé le couvre-feu.
Aucune charge n'a été retenue contre le tireur.

Stephan Geddis (West Belfast) : 10 ans, mort le 10 aout 1975. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ treize mètres le 8 aout 1975. Il n'y avait pas d'émeute en cours. Toutefois, un groupe d'enfants avait pris à parti une patrouille, et Stephan se trouvait non loin de là, avec un autre groupe d'enfants...
Aucune charge n'a été retenue contre aucun des soldats de la patrouille, et, encore plus choquant, aucune enquête sérieuse n'a été menée!
20 ans (jour pour jour) plus tard, des officiers du RUC rendent visite aux parents de Stephan pour leur annoncer qu'un soldat anglais (démobilisé depuis) a été témoin du tir depuis son mirador, qu'il vient donner un témoignage officiel sur les évènements, et, entre autre, sur le fait qu'aucune émeute n'était en cours.
La justice n'a pourtant pas réouvert le dossier.

Brian Stewart (Turf Lodge, West Belfast) : 13 ans, mort le16 octobre 1976. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ trois mètres le10 octobre 1976. Le soldat qui a tiré n'avait reçu aucune formation à l'usage des PBR (en particulier, il ne savait pas quelle est la distance minimum d'engagement, ni les zones corporelles à ne pas atteindre).
Brian était chez lui, à l'intérieur, quand il a été atteint. Il n'y avait ni émeute (il y en a eu après), ni provocation, pour justifier le tir.
Aucune charge n'a été retenue contre le tireur.

Michael Donnelly (travailleur social, Falls Road, West Belfast) : 21 ans, mort le 9 aout 1980. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ six mètres. Il n'y avait pas d'émeute en cours.
La Haute Cour de Justice de Belfast a reconnu l'usage injustifié de l'arme de la part du soldat.
Aucune charge n'a pourtant été retenue à son encontre.

Paul Witthers (Derry) : 15 ans, mort le 5 mai 1981. Un policier du RUC lui a tiré un PBR dans le torse (ou dans la tête, selon d'autres sources) à une distance d'environ deux mètres le 25 avril 1981. Au moment des faits, Paul, avec une dizaine d'adolescents, était en train de caillasser des policiers du RUC.
Au terme d'un enquête baclée, aucune charge n'a été retenue à l'encontre du tireur.

Julie Livingstone (Lenadoon Estate, West Belfast) : 14 ans, morte le 14 mai 1981. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ deux mètres le 13 mai 1981, alors qu'elle rentrait chez elle avec ses commissions. Selon des témoins, les émeutes n'ont commencé qu'après le tir (et probablement suite au tir).
Bien que le tireur ait reconnu sous serment et par écrit avoir tiré sans avoir la certitude que sa cible n'était pas une passante innocente, aucune charge n'a été retenue contre lui.

Carole Ann Kelly (Twinbrook, West Belfast) : 12 ans, morte le 23 mai 1981. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance de moins de trois mètres le 22 mai 1981, alors qu'elle rentrait chez elle en portant une brique (pas une bouteille, une brique) de lait. Il n'y avait pas d'émeute en cours.
Des témoins ont entendu les tireurs dire qu'ils allaient tuer quelqu'un pour venger cinq de leurs camarades tombés le même jour juste avant qu'ils n'ouvrent le feu sur un groupe de fillettes où se trouvait Carole Ann.
Toujours selon des témoins, un soldat a bondi hors d'un des deux véhicules de la patrouille, horrifié par le fait qu'on ait tiré sur une enfant, et s'est porté à son secours, disant qu'il était médecin, jetant son arme pour avoir les mains libres. Il aurait alors été vertement réprimandé par le chef de patrouille, qui lui a reproché d'avoir abandonné son arme et de s'être porté au secours de la victime. Pendant ce temps, l'armée bouclait le périmètre, et empêchait l'ambulance d'arriver (les ambulanciers se sont même entendus dire au point de contrôle de l'armée que personne n'avait été blessé!).
Lors du procès (lors duquel aucun membre de la patrouille n'a été cité à comparaitre), l'armée a été reconnue coupable de faux témoignages en ce qui concerne le lieu et les circonstances des faits.
Aucune charge n'a été retenue contre aucun membre de la patrouille, et, quand les parents de la victime ont voulu faire appel, ce droit leur a été refusé.

Henry Duffy (Creggan, Derry) : 45 ans, mort le 22 mai 1981. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête, et un autre lui en a tiré un dans le torse. Une émeute était en cours, mais il n'y participait pas - il se contentait de traverser la foule des émeutiers pour rentrer chez lui (!!!).
Aucun des tireurs n'a été identifié, aucune charge n'a été retenue contre qui que ce soit.
(note de Licorne : ayant lu des rapports relatifs à ce cas, je dois reconnaitre qu'il s'est hélas trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, et que les circonstances de sa mort relèvent plus du "dommage collatéral" et de la "balle perdue" que de la blessure volontaire).

Nora McCabe (Falls Road, West Belfast) : 30 ans, morte le 10 juillet 1981. Elle a été touchée à la tête à une distance d'environ deux mètres le 9 juillet 1981. Le tir provenait d'un Land Rover du RUC en patrouille. Lors de l'enquête, le chef du RUC de Belfast, qui était passager avant de ce Land Rover, a témoigné sous serment qu'aucun coup n'avait été tiré, et qu'une émeute était en cours. Son témoignage sera contredit par une vidéo tournée par une équipe de télévision canadienne qui était sur les lieux. Le film, authentifié, ne montre aucune trace d'émeute, ni même de provocation, mais montre bien l'origine du tir et la victime.
Toutefois, le DPP (Director of Public Prosecution - procureur général) refuse d'engager des poursuites pour homicide comme pour parjure, ce qui entrainera une campagne médiatique et une pétition signée par soixante dix députés britanniques pour demander l'ouverture d'une enquête, ce qui sera toujours refusé.
Peu de temps après, trois des hommes de cette patrouille reçoivent une promotion.
Le chef du RUC de Belfast, bien qu'il ait été pris en flagrant délit de parjure, non seulement sera parmi les trois promus, mais sera décoré des mains de la Reine!

Peter Doherty (Divis Flats, West Belfast) : 33 ou 36 ans (selon les sources), mort le 7 aout 1981. Il était chez lui quand un commando anglais lui a tiré un PBR dans la tête à travers une fenêtre, le 31 juillet 1981. Il n'y avait pas d'émeute en cours.
Le DPP a déclaré un non-lieu au bénéfice du tireur, après avoir dissous le jury qui refusait d'admettre la thèse de la légitime défense avancée par l'armée.

Peter McGuinness (sympathisant républicain, Shore Road, North Belfast) : 41 ans, mort le 9 aout 1981. Il était dans son jardin quand un policier du RUC lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ cinq mètres.
Bien que l'enquête ait révélé que la victime ne participait à aucun trouble d'aucune sorte au moment des faits, il n'y a pas eu de procès.

Stephen McConomy (Derry) : 11 ans, mort le 22 avril 1982. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une distance d'environ cinq mètres le 19 avril 1982. Il était debout, ses mains dans ses poches, et ne participait pas à une émeute.
Toutefois, un groupe d'enfants était en train de "titiller" un véhicule de l'armée (ils tentaient de placer un drapeau tricolore sur son pare-brise, ils frappaient le blindage avec des batons et essayaient d'arracher les boucliers à mains nues). L'un des membres de l'équipage a passé le canon de son arme par une meurtière, les trublions se sont enfuis, et Stephen est devenu la seule cible visible quand, voyant le canon de l'arme, il s'est retourné pour s'éloigner en marchant.
Deux passants, témoins de la scène, ont été menacés par les occupants du véhicule blindé quand ils ont voulu porter secours à la victime, qui a finalement été conduite à l'hopital dans une Land-Rover du RUC interceptée par ces deux témoins.
Bien que l'enquête du RUC ait conclu qu'à aucun moment, les soldats occupant le blindé n'avaient été menacés de manière justifiant l'usage d'une arme, et que Stephen ne participait pas aux troubles, le ministère public a refusé de poursuivre les soldats impliqués, allant jusqu'à amender les minutes du procès pour enlever une déclaration du jury reconnaissant l'usage injustifié d'une arme.
Il est à noter que l'arme utilisée était défectueuse - il fallait appuyer deux fois sur la détente pour faire partir le coup, ce qui permet d'écarter la thèse de la décharge accidentelle... et que le soldat qui a tiré n'avait reçu aucune formation à l'usage des PBR (en particulier, il ne savait pas quelle est la distance minimum d'engagement, ni les zones corporelles à ne pas atteindre).

Sean Downes (sympathisant républicain, Andersonstown, West Belfast) : 22 ans, mort le 12 aout 1984. Un policier du RUC lui a tiré un PBR dans le torse à une distance de moins de deux mètres. Les faits se sont passés devant les caméras d'une équipe de télévision qui couvrait le rassemblement républicain. (note de Licorne : Je ne sais pas si les conditions avant le tir pouvaient être qualifiées d'émeute, mais il est plus que probable qu'elles ont rapidement dégénéré après le tir...).
Le tireur a été jugé (note de Licorne : pour une fois...) et acquitté (note de Licorne : ça aurait été trop beau...)

Keith White (militant orangiste, Houston Park, Mourneview Estate, Lurgan, Co. Armagh) : 20 ans, mort le 14 avril 1986. Un policier du RUC lui a tiré un PBR dans la tête à une distance de 22 mètres le 14 avril 1986 lors de la parade orangiste de Portadown. Une enquête a suivi, lors de laquelle les trois policiers suspectés d'avoir tiré ne se sont pas présentés, mais ont fait parvenir des témoignages écrits à la cour. Parmi les preuves, deux films tournés l'un par une équipe de télévision, l'autre par un hélicoptère de surveillance, montrent Keith White en train de lancer des pierres sur les rangs du RUC avant de retourner à l'abri de la foule, et ce, de manière répétée.
Le tireur n'ayant pas pu être formellement identifié, aucune charge n'a été retenue à l'encontre d'aucun policier du RUC.
Keith White est la seule victime à ne pas être catholique.

Seamus Duffy (Oldpark, North Belfast) : 15 ans, mort le 9 aout 1989. Un policier du RUC lui a tiré un PBR dans le torse à une distance de six à sept mètres (selon le médecin légiste et selon les témoins, de 43 mètres selon le RUC). Il n'y avait pas d'émeute en cours. Son seul crime a été de s'enfuir devant des véhicules du RUC dans le secteur de New Lodge, alors qu'il revenait d'une soirée de soutient aux prisonniers politiques.
Le tireur n'ayant pas été formellement identifié (deux policiers ayant avoué lui avoir tiré dessus, ça en faisait un de trop!) et faute de preuve et de témoignages (tous les enregistrements vidéos ayant été saisis par le RUC, et certains s'étant "perdus" par la suite...), le DPP a refusé d'engager des poursuites.
La famille de Seamus a depuis fait l'objet de harcèlement et de menaces de mort de la part de membres du RUC.


Les paroles en anglais proviennent de ce site : http://www.vincentpeters.nl/triskelle/
Traduction en français : Licorne.
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