Plastic bullets
(© Brian Warfield) So you divided up my land
(chorus)
Does it matter how you kill
(chorus) Oh some justice we did seek
(chorus) Then shoot me, shoot me down
The day you shot Séan Downes
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Les balles en plastique : Ce sont les "PBR" (Plastic Baton Round),
utilisés depuis 1973 à la place des balles en caoutchouc,
trop vulnérantes, qui étaient utilisées de 1970 à
1973.
Ces munitions sont réputées comme étant "non léthales",
ce qui ne les empêche pas de tuer...
Selon le 5e rapport annuel de la NIHRC (commission d'Irlande du Nord
pour les Droits de l'Homme), ces munitions n'ont pas été
utilisées en Irlande du Nord entre septembre 2002 et mars 2004,
et des munitions moins vulnérantes devraient être déployées
d'ici l'été 2005.
Projectile : cylindre de PVC dur massif
Diamètre : 37 mm
Longueur : 114 mm
Poids : 135 g
Vitesse initiale : supérieure à 72 m/s (260 km/h)
Energie initiale : supérieure à 350 J
(pour mémoire, des traumatismes graves - fracture massive du
crane, rupture d'organes internes tel que coeur, foie, poumon, rein,...
sont quasi-certaines à partir de 120 J, niveau d'énergie
que le projectile a toujours à 50 m de la bouche de l'arme!)
Conditions d'emploi :
- Viser de préférence les jambes, jamais la tête, éviter le torse autant que possible
- Ne jamais tirer sur une cible se trouvant à moins de 20 mètres
source : BBC |
source : http://www.relativesforjustice.com |
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Utilisation de PBR en Irlande du Nord
source : BBC
Un mur à Belfast (Falls Road - effacé depuis)
source : Troops Out Movement
Le lanceur "ARWEN-37", fabriqué par Police Ordnance Company,
Inc, société canadienne basée dans l'Ontario.
Cette arme peut tirer des PBR, des grenades lacrymogènes, des
grenades étourdissantes, et bien d'autres munitions destinées
aux forces de l'ordre. C'est un espèce de gros revolver à
cinq coups.
En Mai 1982, le parlement européen vote l'interdiction totale
de l'usage de telles munitions en Europe (et donc en Irlande du Nord).
Elles sont toujours en service aujourd'hui... Il faut dire qu'il y en a encore quelques dizaines de milliers en stock, et que l'Angleterre n'aime pas le gaspillage!
La liste ci-dessous parle hélas d'elle même...
Francis Rowntree (West Belfast) : 11 ans, mort le 26 avril 1972.
Un soldat anglais lui a tiré une balle de caoutchouc (modifiée
artisanalement - un noyau métallique y avait été inséré)
dans la tête à une distance d'environ deux mètres le
22 avril 1972. Francis revenait de jouer au football, et portait encore
sa tenue. Il n'y avait pas d'émeute en cours (mais une émeute
a éclaté juste après, et il y avait eu cinq jours
d'émeutes juste avant), le soldat qui a tiré n'avait reçu
aucune formation à l'usage des balles en caoutchouc (en particulier,
il ne savait pas quelle est la distance minimum d'engagement, ni les zones
corporelles à ne pas atteindre).
Aucune charge n'a été retenue à l'encontre du
tireur.
Tobias Molloy (Militant républicain - oIRA ou pIRA, Strabane)
: 18 ans, mort le 16 juillet 1972. Un soldat anglais lui a tiré
une balle de caoutchouc dans le torse à une distance d'environ un
mètre. Bien qu'il y ait une émeute en cours, des témoins
disent qu'il n'y participait pas. Tobias passait un poste frontière
pour revenir au Nord, après avoir passé la nuit avec sa petite
amie, qui habitait en République d'Irlande, à Lifford, quand
il a été tué.
Aucune charge n'a été retenue à l'encontre du
tireur.
Thomas Friel (Derry) : 21 ans, mort le 27 mai 1973. Un soldat
anglais lui a tiré une balle de caoutchouc dans la tête à
une distance d'environ neuf mètres le 22 mai 1973. C'était
pendant les émeutes de Derry, mais Thomas est mort juste pour avoir
bravé le couvre-feu.
Aucune charge n'a été retenue contre le tireur.
Stephan Geddis (West Belfast) : 10 ans, mort le 10 aout 1975.
Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à
une distance d'environ treize mètres le 8 aout 1975. Il n'y avait
pas d'émeute en cours. Toutefois, un groupe d'enfants avait pris
à parti une patrouille, et Stephan se trouvait non loin de là,
avec un autre groupe d'enfants...
Aucune charge n'a été retenue contre aucun des soldats
de la patrouille, et, encore plus choquant, aucune enquête sérieuse
n'a été menée!
20 ans (jour pour jour) plus tard, des officiers du RUC rendent visite
aux parents de Stephan pour leur annoncer qu'un soldat anglais (démobilisé
depuis) a été témoin du tir depuis son mirador, qu'il
vient donner un témoignage officiel sur les évènements,
et, entre autre, sur le fait qu'aucune émeute n'était en
cours.
La justice n'a pourtant pas réouvert le dossier.
Brian Stewart (Turf Lodge, West Belfast) : 13 ans, mort le16
octobre 1976. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête
à une distance d'environ trois mètres le10 octobre 1976.
Le soldat qui a tiré n'avait reçu aucune formation à
l'usage des PBR (en particulier, il ne savait pas quelle est la distance
minimum d'engagement, ni les zones corporelles à ne pas atteindre).
Brian était chez lui, à l'intérieur, quand il
a été atteint. Il n'y avait ni émeute (il y en a eu
après), ni provocation, pour justifier le tir.
Aucune charge n'a été retenue contre le tireur.
Michael Donnelly (travailleur social, Falls Road, West Belfast)
: 21 ans, mort le 9 aout 1980. Un soldat anglais lui a tiré un PBR
dans la tête à une distance d'environ six mètres. Il
n'y avait pas d'émeute en cours.
La Haute Cour de Justice de Belfast a reconnu l'usage injustifié
de l'arme de la part du soldat.
Aucune charge n'a pourtant été retenue à son encontre.
Paul Witthers (Derry) : 15 ans, mort le 5 mai 1981. Un policier
du RUC lui a tiré un PBR dans le torse (ou dans la tête, selon
d'autres sources) à une distance d'environ deux mètres le
25 avril 1981. Au moment des faits, Paul, avec une dizaine d'adolescents,
était en train de caillasser des policiers du RUC.
Au terme d'un enquête baclée, aucune charge n'a été
retenue à l'encontre du tireur.
Julie Livingstone (Lenadoon Estate, West Belfast) : 14 ans, morte
le 14 mai 1981. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête
à une distance d'environ deux mètres le 13 mai 1981, alors
qu'elle rentrait chez elle avec ses commissions. Selon des témoins,
les émeutes n'ont commencé qu'après le tir (et probablement
suite au tir).
Bien que le tireur ait reconnu sous serment et par écrit avoir
tiré sans avoir la certitude que sa cible n'était pas une
passante innocente, aucune charge n'a été retenue contre
lui.
Carole Ann Kelly (Twinbrook, West Belfast) : 12 ans, morte le
23 mai 1981. Un soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête
à une distance de moins de trois mètres le 22 mai 1981, alors
qu'elle rentrait chez elle en portant une brique (pas une bouteille, une
brique) de lait. Il n'y avait pas d'émeute en cours.
Des témoins ont entendu les tireurs dire qu'ils allaient tuer
quelqu'un pour venger cinq de leurs camarades tombés le même
jour juste avant qu'ils n'ouvrent le feu sur un groupe de fillettes où
se trouvait Carole Ann.
Toujours selon des témoins, un soldat a bondi hors d'un des
deux véhicules de la patrouille, horrifié par le fait qu'on
ait tiré sur une enfant, et s'est porté à son secours,
disant qu'il était médecin, jetant son arme pour avoir les
mains libres. Il aurait alors été vertement réprimandé
par le chef de patrouille, qui lui a reproché d'avoir abandonné
son arme et de s'être porté au secours de la victime. Pendant
ce temps, l'armée bouclait le périmètre, et empêchait
l'ambulance d'arriver (les ambulanciers se sont même entendus dire
au point de contrôle de l'armée que personne n'avait été
blessé!).
Lors du procès (lors duquel aucun membre de la patrouille n'a
été cité à comparaitre), l'armée a été
reconnue coupable de faux témoignages en ce qui concerne le lieu
et les circonstances des faits.
Aucune charge n'a été retenue contre aucun membre de
la patrouille, et, quand les parents de la victime ont voulu faire appel,
ce droit leur a été refusé.
Henry Duffy (Creggan, Derry) : 45 ans, mort le 22 mai 1981. Un
soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête, et un autre
lui en a tiré un dans le torse. Une émeute était en
cours, mais il n'y participait pas - il se contentait de traverser la foule
des émeutiers pour rentrer chez lui (!!!).
Aucun des tireurs n'a été identifié, aucune charge
n'a été retenue contre qui que ce soit.
(note de Licorne : ayant lu des rapports relatifs à ce cas,
je dois reconnaitre qu'il s'est hélas trouvé au mauvais endroit
au mauvais moment, et que les circonstances de sa mort relèvent
plus du "dommage collatéral" et de la "balle perdue" que de la blessure
volontaire).
Nora McCabe (Falls Road, West Belfast) : 30 ans, morte le 10
juillet 1981. Elle a été touchée à la tête
à une distance d'environ deux mètres le 9 juillet 1981. Le
tir provenait d'un Land Rover du RUC en patrouille. Lors de l'enquête,
le chef du RUC de Belfast, qui était passager avant de ce Land Rover,
a témoigné sous serment qu'aucun coup n'avait été
tiré, et qu'une émeute était en cours. Son témoignage
sera contredit par une vidéo tournée par une équipe
de télévision canadienne qui était sur les lieux.
Le film, authentifié, ne montre aucune trace d'émeute, ni
même de provocation, mais montre bien l'origine du tir et la victime.
Toutefois, le DPP (Director of Public Prosecution - procureur général)
refuse d'engager des poursuites pour homicide comme pour parjure, ce qui
entrainera une campagne médiatique et une pétition signée
par soixante dix députés britanniques pour demander l'ouverture
d'une enquête, ce qui sera toujours refusé.
Peu de temps après, trois des hommes de cette patrouille reçoivent
une promotion.
Le chef du RUC de Belfast, bien qu'il ait été pris en
flagrant délit de parjure, non seulement sera parmi les trois promus,
mais sera décoré des mains de la Reine!
Peter Doherty (Divis Flats, West Belfast) : 33 ou 36 ans (selon
les sources), mort le 7 aout 1981. Il était chez lui quand un commando
anglais lui a tiré un PBR dans la tête à travers une
fenêtre, le 31 juillet 1981. Il n'y avait pas d'émeute en
cours.
Le DPP a déclaré un non-lieu au bénéfice
du tireur, après avoir dissous le jury qui refusait d'admettre la
thèse de la légitime défense avancée par l'armée.
Peter McGuinness (sympathisant républicain, Shore Road, North
Belfast) : 41 ans, mort le 9 aout 1981. Il était dans son jardin
quand un policier du RUC lui a tiré un PBR dans la tête à
une distance d'environ cinq mètres.
Bien que l'enquête ait révélé que la victime
ne participait à aucun trouble d'aucune sorte au moment des faits,
il n'y a pas eu de procès.
Stephen McConomy (Derry) : 11 ans, mort le 22 avril 1982. Un
soldat anglais lui a tiré un PBR dans la tête à une
distance d'environ cinq mètres le 19 avril 1982. Il était
debout, ses mains dans ses poches, et ne participait pas à une émeute.
Toutefois, un groupe d'enfants était en train de "titiller"
un véhicule de l'armée (ils tentaient de placer un drapeau
tricolore sur son pare-brise, ils frappaient le blindage avec des batons
et essayaient d'arracher les boucliers à mains nues). L'un des membres
de l'équipage a passé le canon de son arme par une meurtière,
les trublions se sont enfuis, et Stephen est devenu la seule cible visible
quand, voyant le canon de l'arme, il s'est retourné pour s'éloigner
en marchant.
Deux passants, témoins de la scène, ont été
menacés par les occupants du véhicule blindé quand
ils ont voulu porter secours à la victime, qui a finalement été
conduite à l'hopital dans une Land-Rover du RUC interceptée
par ces deux témoins.
Bien que l'enquête du RUC ait conclu qu'à aucun moment,
les soldats occupant le blindé n'avaient été menacés
de manière justifiant l'usage d'une arme, et que Stephen ne participait
pas aux troubles, le ministère public a refusé de poursuivre
les soldats impliqués, allant jusqu'à amender les minutes
du procès pour enlever une déclaration du jury reconnaissant
l'usage injustifié d'une arme.
Il est à noter que l'arme utilisée était défectueuse
- il fallait appuyer deux fois sur la détente pour faire partir
le coup, ce qui permet d'écarter la thèse de la décharge
accidentelle... et que le soldat qui a tiré n'avait reçu
aucune formation à l'usage des PBR (en particulier, il ne savait
pas quelle est la distance minimum d'engagement, ni les zones corporelles
à ne pas atteindre).
Sean Downes (sympathisant républicain, Andersonstown, West
Belfast) : 22 ans, mort le 12 aout 1984. Un policier du RUC lui a tiré
un PBR dans le torse à une distance de moins de deux mètres.
Les faits se sont passés devant les caméras d'une équipe
de télévision qui couvrait le rassemblement républicain.
(note de Licorne : Je ne sais pas si les conditions avant le tir pouvaient
être qualifiées d'émeute, mais il est plus que probable
qu'elles ont rapidement dégénéré après
le tir...).
Le tireur a été jugé (note de Licorne : pour une
fois...) et acquitté (note de Licorne : ça aurait été
trop beau...)
Keith White (militant orangiste, Houston Park, Mourneview Estate,
Lurgan, Co. Armagh) : 20 ans, mort le 14 avril 1986. Un policier du
RUC lui a tiré un PBR dans la tête à une distance de
22 mètres le 14 avril 1986 lors de la parade orangiste de Portadown.
Une enquête a suivi, lors de laquelle les trois policiers suspectés
d'avoir tiré ne se sont pas présentés, mais ont fait
parvenir des témoignages écrits à la cour. Parmi les
preuves, deux films tournés l'un par une équipe de télévision,
l'autre par un hélicoptère de surveillance, montrent Keith
White en train de lancer des pierres sur les rangs du RUC avant de retourner
à l'abri de la foule, et ce, de manière répétée.
Le tireur n'ayant pas pu être formellement identifié,
aucune charge n'a été retenue à l'encontre d'aucun
policier du RUC.
Keith White est la seule victime à ne pas être catholique.
Seamus Duffy (Oldpark, North Belfast) : 15 ans, mort le 9 aout
1989. Un policier du RUC lui a tiré un PBR dans le torse à
une distance de six à sept mètres (selon le médecin
légiste et selon les témoins, de 43 mètres selon le
RUC). Il n'y avait pas d'émeute en cours. Son seul crime a été
de s'enfuir devant des véhicules du RUC dans le secteur de New Lodge,
alors qu'il revenait d'une soirée de soutient aux prisonniers politiques.
Le tireur n'ayant pas été formellement identifié
(deux policiers ayant avoué lui avoir tiré dessus, ça
en faisait un de trop!) et faute de preuve et de témoignages (tous
les enregistrements vidéos ayant été saisis par le
RUC, et certains s'étant "perdus" par la suite...), le DPP a refusé
d'engager des poursuites.
La famille de Seamus a depuis fait l'objet de harcèlement et
de menaces de mort de la part de membres du RUC.