The Reverend Doctor / Reverend Ian
There's a man up in Ulster you all know him well,
Tooraloo Tooralay
Well now Ian went home and at his wife he did stare,
Tooraloo Tooralay
Well now Ian went home very late one night,
Tooraloo Tooralay
"Ach now Ian, now Ian, now don't be alarmed,"
Tooraloo Tooralay
Well Ian he died and to Heaven did go,
Tooraloo Tooralay
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Austin Curry : Ancien membre du SDLP (parti social démocrate travailliste, républicain modéré) qui l'a quitté pour le Fine Gael (parti de centre droit présent en Eire comme en Ulster, républicain modéré aussi).
Gerard "Gerry" Fitt, Baron Fitt : Ancien membre du parti travailliste Irlandais, il a ravi aux unionistes un siège au parlement de Stormont aux élections de 1962, élu député au parlement de Westminster en 1966. Ancien dirigeant du SDLP.
Bogside : Ghetto catholique et républicain de Derry. Il se trouve sur le chemin des marches orangistes, auxquelles les habitants s'opposent régulièrement.
Le Tricolore : Drapeau de la République d'Irlande, à
trois bandes de couleur disposées verticalement : verte (symbolisant
la population catholique) et orange (symbolisant la population protestante)
séparées par une blanche (symbolisant la paix entre les deux
groupes).
On le nomme aussi vert, blanc et or chez les républicains, rejetant
ainsi les protestants hors de la symbolique du drapeau.
La petite culotte tricolore de madame Paisley est une allusion
à deux évènements distincts :
- En 1963, Ian Paisley organise une marche de protestation contre la
décision du conseil municipal de Belfast de mettre en berne le drapeau
de l'Union (le drapeau anglais, donc) en signe de deuil pour la mort du
Pape Jean XXIII.
- Un an plus tard, en 1964, il menace d'arracher lui-même le
drapeau de la République d'Irlande, pavoisé au bureau de
Belfast du Sinn Fein (parti républicain historique, proche de l'IRA)
si les autorités ne s'en chargent pas elles-même. Les autorités,
dans le but d'éviter un grave incident, enlèvent le drapeau
(sans l'arracher), déclenchant pourtant ainsi l'une des pires émeutes
qu'ait connu la ville.
Et maintenant, le gros morceau :
Né le 6 avril 1926 à Armagh, il a grandi à Ballymena,
où son père officiait en tant que pasteur baptiste indépendant.
Après avoir fait ses études à la "Model School"
de Ballymena, il a suivi une formation en théologie au collège
biblique de Barry (Galles du Sud) complétée par une année
au "Reformed Presbytarian Hall" de Belfast.
Il est à noter qu'il n'a été diplômé
par aucune de ces deux institutions religieuses!
Révérend?
En 1946, il est ordonné prêtre à l'église
indépendante de Ravenhill (Belfast), par quatre ministres du culte
d'obédiances différentes (dont son propre père) -
aucun d'entre eux n'ayant toutefois délégation du pouvoir
ecclésiastique relatif à l'ordination!
Son ordination n'est donc pas valide selon la règle presbytérienne.
Contrairement à une croyance répandue, il n'a jamais
été membre de l'église presbytérienne d'Irlande,
et encore moins prêtre de cette église!
Comme son autorité n'était reconnue que par ses ouailles,
et en l'absence d'une hiérarchie suffisament compréhensive
pour reconnaitre son ministère, notre Révérend a décidé
au début des années 1950 de créer son église,
car on n'est jamais bien servi que par soi-même...
Il a donc fondé l'église presbytérienne libre
en Irlande du Nord, forte en 2005 de 59 représentations, dont 10
hors d'Ulster.
Comme cette tribune ne suffisait pas à sa mission évangélique, il a ensuite fondé son propre journal, le "Protestant Telegraph" (violemment anti-catholique, je pense que vous vous en doutiez déja...).
Pour propager la bonne parole hors d'Irlande, ce pays étant vraiment trop petit pour lui, il a également fondé l'Institut Européen des Etudes Protestantes, dont le site Web lui offre une cybertribune à sa mesure. (trouvez l'adresse vous-même, et allez y jeter un oeil si vous lisez l'anglais, c'est édifiant!)
Mais il n'oublie pas pour autant ses ouailles, car il fonde en Irlande du Nord le DUP (Parti démocratique unioniste), qui est devenu le parti unioniste le plus important et, accessoirement, le quatrième parti d'Ulster comme du Royaume Uni!
Docteur?
Comme on l'a vu, Ian n'est pas vraiment doué pour les études...
Bob Jones Jr est un ami proche de Ian, et il préside avec lui
le mouvement fondamentaliste international. C'est de lui que viendra le
salut.
En effet, Ian recevra en 1966 un titre de Docteur "Honoris Causa" en
Divinité de l'Université Bob Jones, de Greenville, Caroline
du Sud, USA.
A l'époque, cette université n'avait pourtant aucun mandat d'aucune autorité chrétienne reconnue, et pratiquait la ségrégation (les Noirs étaient interdits d'entrée). Elle a beaucoup changé depuis... En 2000, elle a renoncé à ses pratiques ségrégationnistes. Mais elle n'est toujours reconnue par aucune autorité chrétienne (Franchement, Ian aurait pu lui renvoyer l'ascenceur et la faire reconnaitre par l'église presbytérienne libre, mais non... Quel ingrat!).
Auparavant, en 1954, il avait tout de même obtenu un diplôme
en Divinité du "Pioneer Theological Seminary" de Rockville (Illinois),
suivi sept mois plus tard d'un doctorat honoraire.
Il était également titulaire d'un autre diplôme
du "Burton Collège and Seminary" de Manitou Springs (Colorado).
Malheureusement, ces deux-là ne sont pas valides, car délivrés
par des établissements qualifiés d'usines à diplômes
par le département de l'éducation américain, qui ne
les reconnait donc pas.
Député?
Et pas n'importe quel député...
Je passe rapidement sur les multiples mandats qui l'ont envoyé
sièger à Stormont et à Westminster... En tant que
chef du plus important parti unioniste, cette partie de son palmarès
électoral n'a rien d'exceptionnel, même si elle reste remarquable.
De 1979 à 2004, il a été l'un des trois députés
que l'Irlande du Nord a envoyé au parlement européen, établissant
des records de popularité à chaque élection (à
ce jour, il est toujours le député européen le mieux
élu d'Irlande du Nord et de tout le Royaume Uni, et l'un des mieux
élus de toute l'Europe!), jusqu'à ce qu'il décide
de ne plus se présenter à sa propre succession.
Sa longévité politique lui vaut de figurer dans le Guinness
Book des records.
Il a eu son heure de gloire en 1988, lors d'un discours du Pape au Parlement
Européen. Lors de ce discours, Ian a interrompu le Pape de manière
répétée en criant et en brandissant des pancartes,
allant jusqu'à l'accuser d'être l'Antéchrist.
L'honorabilité du parlement a été restaurée
par ses pairs, qui l'ont expulsé eux-même de l'enceinte, permettant
ainsi au Chef de l'Etat du Vatican de continuer son discours.
Jusqu'au-boutiste politique et religieux
Ses positions politiques et religieuses extrêmes durant les années
1970 (période de lutte pour les droits civiques) lui ont valu des
surnoms tels que "Docteur No", "le Grand Ian", ou encore "l'Ayatollah".
Politique
En 1966, il fonde l'Ulster Protestant Volunteer, groupe paramilitaire
à qui l'on devra une campagne d'attentats à la bombe avant
qu'il ne se dissolve au sein de l'UVF (Ulster Volunteer Force, un autre
groupe paramilitaire loyaliste).
Depuis les années 1960, son plus grand ennemi politique est
John Hume, du SDLP. Ils ne sont toutefois pas ennemis dans la vie, le Révérend
Docteur ayant même prononcé des commentaires élogieux
à son égard au sujet de sa retraite du SDLP, disant que le
vide politique qu'il laissait serait dur à combler pour son parti.
Certains suggèrent que Ian s'est laissé aller à ces
éloges uniquement parce qu'il était faussement persuadé
que les caméras de télévision étaient éteintes...
Dans les années 1980, il s'est opposé à plusieurs
reprises à Margareth Thatcher, alors premier ministre britannique,
en lui reprochant sa faiblesse à l'égard du mouvement républicain
en Ulster. Ceux qui ont connu les positions de la "Dame de Fer" sur le
sujet apprécieront...
Entre autres, son opposition au traité anglo-irlandais de 1985
s'est matérialisé par sa volonté de créer un
groupe paramilitaire loyaliste indépendant (et c'est reparti comme
en '66!) nommé "Troisième Force", et par l'importation en
contrebande d'armes en provenance d'Afrique du Sud. Son groupuscule paramilitaire
s'est très vite dégonflé comme une grosse baudruche,
mais l'arsenal n'a pas été perdu pour tout le monde, en tout
cas pas pour l'UVF, ni pour l'UDA/UFF (Ulster Defense Association/Ulster
Freedom Fighters), deux mouvements paramilitaires loyalistes, bien réels
ceux-là.
A la fin des années 1990, le DUP a quitté les négociations
devant aboutir aux accords du Vendredi Saint en protestation contre le
fait que le Sinn Fein y soit invité. A cette occasion, il a subi
son plus sévère revers électoral puisque, bien que
le DUP ait appelé à repousser cet accord, les électeurs
d'Irlande du Nord l'ont ratifié avec une large majorité.
Depuis, le DUP ne rate aucune occasion de faire capoter ces accords...
En ce qui concerne les paramilitaires loyalistes, il a entretenu des
liens étroits avec l'UDA, liens qui se sont quelque peu distendus
quand l'UDA a été déclarée illégale,
mais qui ne sont toujours pas rompus.
Billy Mitchell (membre des escadrons de la mort de l'UVF) est professeur
à l'"école du dimanche" de l'église presbytérienne
libre.
Billy et Gusty Spence, fondateurs des escadrons de la mort de l'UVF,
assuraient le service d'ordre des réunions politiques du Révérend
Docteur en marge de leurs activités criminelles.
Sammy Stevenson, garde du corps de Ian Paisley, et Tommy McDowell,
un presbytérien libre, ont commis des attentats à la bombe
en 1969 dans des districts loyalistes pour faire accuser l'IRA et provoquer
une flambée de violence visant les catholiques et les républicains.
Religieux
En 1956, il kidnappe Maura Lyons, une adolescente de 16 ans qui souhaitait
rejoindre l'église presbytérienne libre contre la volonté
de ses parents. Il a tenté de l'utiliser comme argument dans sa
campagne de propagande anticatholique et a refusé de collaborer
avec la police qui la recherchait.
Lorsque l'affaire a été portée devant les tribunaux,
il a été frappé d'une injonction de ne plus jamais
approcher la jeune fille et sa famille.
Paranoïaque
Lors d'un repas avec Bertie Ahern (alors premier ministre de la République
d'Irlande) donné à l'Embassade de la République d'Irlande
à Londres, il a insisté pour ne manger que des oeufs durs,
de crainte d'être empoisonné... alors même que la République
d'Irlande n'a pas franchement ce genre de réputation!
Il a aussi accusé, en février 1981, l'UUP (Parti unioniste
d'Ulster - unioniste modéré) de vouloir l'assassiner!
Mais il est vrai que même les paranoïaques ont des ennemis, et parfois même parmi leurs amis...
Ian Paisley a été qualifié de "fasciste plus
intéressé par un Ulster indépendant, mini-Genève
dirigé par un Calvin au rabais, plutôt qu'en une union avec
la Grande-Bretagne" par Robert McCartney, avocat et député
unioniste, ancien membre de l'UUP rallié au DUP.
Freddy Parkinson, ancien chef de l'UDA, a dit de lui "Je me souviens
du mégalomane paramilitaire qui nous a enjoint à la suivre,
mais qui nous a ensuite abandonné et désigné comme
criminels de droit commun". Il l'a également décrit en
1984 comme une "tarentule qui répand son venin de discorde, et
qui a été un contributeur de premier plan à notre
longue tragédie".
Chez les protestants, les prêtres ont le droit de se marier, et
d'avoir des enfants.
Chez les Paisley, on ne s'en prive pas, puisque notre révérend
a eu cinq enfants avec sa femme Eileen, et trois d'entre eux ont décidé
d'assurer la relève des activités paternelles...
Kyle est révérend dans l'église de papa.
Ian Jr reprend le flambeau politique du DUP.
Rhonda a assuré le contact politico-religieux et s'occupe
des média... Diplômée de l'Université Bob Jones
(contrairement au diplôme de papa, le sien n'est pas "Honoris Causa"),
ancienne élue du conseil municipal de Belfast (elle s'est depuis
retirée de la politique), elle a animé une émission
de débat le samedi soir sur la télévision en République
d'Irlande. Son sens de l'humour est léger et sophistiqué,
contrairement à celui de son père, même s'il n'est
pas exempt de dérapages coupables, comme lorsqu'elle a déclaré
à l'antenne en 1991 que les attentats de l'UDA en République
d'Irlande sont "compréhensibles".
Notre révérend a de l'humour. Un humour lourd, très
lourd même, mais de l'humour quand même.
Mais est-ce bien de l'humour?
La partie de la présente notice relative au Révérend
Docteur Ian Paisley est principalement basée sur une synthèse
des pages qui lui sont consacrées par l'encyclopédie en ligne
Wikipedia
(que l'on ne saurait taxer de partialité) et par le site http://www.geocities.com/Athens/Atrium/1678/
(qui est, lui, franchement hostile au Révérend Docteur).
Les faits et citations repris de ce dernier site ont été
tous confirmés par d'autres sources d'information jugées
dignes de foi.
J'ai volontairement écarté toute citation ou information
que je n'ai pas été à même de recouper avec
au moins une autre source jugée digne de foi.
J'ai de même volontairement écarté toute citation
ou information jugée peu pertinente, ou de nature trop polémique.